« L'épopée de Gilgamesh est la plus ancienne épopée de l'humanité. C'est une immense œuvre poétique qui s'inspire de plusieurs récits sumériens composés vers la fin du 3ème millénaire avant J.-C. et qui nous est connue par un certain nombre de tablettes d'argile, écrites en cunéiforme et rédigées à partir du début du deuxième millénaire. L'épopée de Gilgamesh connut une très large diffusion dans tout le Moyen-Orient pendant deux millénaires et jusqu'aux abords de notre ère comme en témoignent les multiples recensions et traductions qui en ont été faites. » (Note du traducteur p1)
Avant de recevoir comme nom « L'épopée de Gilgamesh », ce Livre « avait pour titre, en babylonien, « sa naqba imuru » ; cet incipit de la première tablette signifie « celui qui a connu le fond des choses » ou « celui qui a tout vu » (P2).
Voicl les premières lignes du Prologue de « Celui qui… »

1 Celui qui a tout vu, célèbre-le, ô mon pays !
2 Celui qui connut toute chose et rassembla tout,
3 qui explora les pays l'un après l'autre,
4 doué de sagesse, celui-là – dis-je –, il sait tout :
5 il vit les mystères et découvrit les secrets,
6 il rapporta des nouvelles d'avant le Déluge ;
7 il rentra d'un long voyage, épuisé, à bout de forces,
8 il grava sur une pierre tous ses exploits.
           
9 Il fit construire le rempart d'Uruk-l'Enclos,
10 du saint temple éanna, le trésor sacré :
11 « Regarde cette enceinte qu'entoure une frise pareille au cuivre,
12 contemple ses pilastres que personne jamais n'égalera ;
13 prends donc l'escalier qui est antique,
14 approche de l'éanna, la demeure d'Ishtar,
15 que nul roi de l'avenir jamais n'égalera, ni personne ;
16 monte donc sur le rempart d'Uruk, promène-toi,
17 examine les fondations, scrute le briquetage.
           
18 Doutez-vous que son briquetage soit en briques cuites
19 et que les sept Sages en aient jeté les fondations ?
           
20 3 600 arpents de cité, 3 600 arpents de vergers, 3 600 arpents d'argilière,
21 1 800 arpents le temple d'Ishtar, 10 800 arpents et 1 800 arpents : c'est l'aire d'Uruk !
           
22 Cherche la cassette en cuivre (de la tablette de fondation),
23 tire la cheville de sa serrure en bronze,
24 manœuvre son ouverture secrète,
25 prends et lis la tablette de lapis-lazuli,
26 comment c'est lui, Gilgamesh, qui a surmonté toutes les difficultés.
   
27 Par sa noble allure, il surpasse les rois renommés,
28 héros rejeton d'Uruk, buffle qui encorne,
29 il marche en tête, en avant-garde ;
30 quand il marche derrière, il soutient ses compagnons,
31 digue puissante, protection de ses gens,
32 violent raz de marée, détruisant le mur de pierre ;
33 buffle de Lugalbanda, Gilgamesh, parfait en force,
34 nourrisson de l'auguste génisse, la bufflonne Nin.Sun,
35 de haute taille, Gilgamesh est parfait, formidable.
           
36 Il escalade les défilés des montagnes,
37 il creuse des puits en bordure de la montagne,
38 il traverse l'océan, la vaste mer, vers le soleil levant,
39 il explore les régions du monde, il cherche la vie,
40 il atteint dans son dénuement Ut-napishtim-le-Lointain ;
41 il restaure en leurs places les sanctuaires qu'avait ravagés le Déluge,
42 il rétablit les rites pour les foules amassées.
      
43 Qui donc peut être son égal en royauté,
44 et qui peut dire comme Gilgamesh : « C'est moi, le roi »,
45 Gilgamesh, dont le nom fut prononcé dès le jour de sa naissance ? »
   
46 En lui, deux tiers sont divins, un tiers est humain.
47 La forme de son corps, c'est la Grande Déesse qui l'esquissa ;
48 sa stature, c'est le dieu Nudimmud (éa) qui la paracheva.
49 Il avait un visage impressionnant…,
50 un corps gigantesque, sa stature était élancée ;
51 l'extension de ses (bras ?) était de x coudées.       (Tablette 1, col.1, lignes 1 à 51)


1 …
2 Son pied était d'une triple coudée, sa jambe, de six coudées ( ?) ;
3 de six coudées était sa foulée ;
4 de x coudées était le premier de ses doigts.
5 Ses joues étaient barbues comme celles de … ;
6 les touffes de sa chevelure étaient drues [comme celles] de la déesse des orges.
7 Avec sa haute taille, parfaite était sa prestance ;
8 comme cela convenait au pays, il était beau.
   
9 Dans l'enclos d'Uruk, lui, il ne cesse d'errer,
10 il se montre le plus fort, tel un buffle, la tête altière,
11 rien de comparable au choc de ses armes.
12 Attentifs à lui, ses compagnons restent debout ;
13 il opprime les guerriers d'Uruk comme un tyran :
14 « Gilgamesh ne laisse pas de fils à son père ;
15 jour et nuit, il se déchaîne avec violence,
16 Gilgamesh… ;
17 c'est pourtant lui, le pasteur d'Uruk aux enclos.
18 Gilgamesh ne laisse pas de fille à sa mère. »
19 Leur complainte…
20 … devant…                           (Tablette 1, col. 2, lignes 1 à 20)

 

 

Loin de l'altérer, le Temps a parachevé cette Révélation splendide.

 

 

 

L'épopée de Gilgamesh P38

 

 

 

 

La 11ème tablette de l'épopée de Gilgamesh, version ninivite.

(British Museum)